Pierre Poilievre et le Parlement, est-ce que cela va durer?

Claire Bentley

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Le mois de novembre s’avère difficile pour Poilievre, qui doit faire face à un nouveau budget libéral et à la perte de contrôle de son parti. Depuis deux semaines, la Chambre des communes suscite choc, surprise et anticipation chez les Canadiens avec l’adoption du budget fédéral 2025 et les changements soudains au sein du Parti conservateur.  

Le 5 novembre, le député conservateur de la circonscription d’Acadie-Annapolis, Chris d’Entremont, a quitté le Parti conservateur pour rejoindre les libéraux après la publication du budget fédéral. Avec son changement de camp, les onze sièges de la Nouvelle-Écosse sont maintenant libéraux. En réponse à sa décision, il a dit : « Je ne me sentais pas représenté là-bas (…) mes idéaux d’un homme de l’Est, d’un conservateur engagé, et, très honnêtement, ma volonté de trouver des solutions et d’aider la communauté plutôt que de m’opposer systématiquement à tout ce qui se passe. » 

Justin Tang/La Presse Canadienne

Pour les députés conservateurs, le fait que d’Entremont a changé de camp est choquant. L’ancien leader à la chambre du Parti conservateur, Rob Batherson a dit : « Je n’y crois pas. Depuis les élections, Chris a toujours été un fervent partisan du chef et du parti. » 

Mais pour d’Entremont, la raison de sa décision est claire. Il a expliqué qu’il a quitté à cause du style de leadership de Poilievre, qu’il décrit comme dirigeant son caucus comme « une fraternité étudiante ». Conservateurégalement révélé que le leader à la chambre conservateur, Andrew Scheer, et son whip en chef, Chris Warkentin, l’accusent de trahison, ce qui a renforcé sa décision de quitter le parti. Lors d’une entrevue avec CBC-Radio-Canada, d’Entremont a également laissé entendre que d’autres membres du caucus conservateur envisagent de partir. Sa déclaration s’est rapidement réalisée lorsque, à peine 24 heures plus tard, un autre député conservateur Matt Jeneroux a aussi annoncé qu’il démissionnerait de son rôle dans la nouvelle année.  

Qu’est-ce que cela signifie pour Poilievre?  

Ces bouleversements pour le leadership de Poilievre ne sont pas nouveaux, après la défaite du parti aux élections fédérales et la perte de son siège dans sa circonscription de Carleton. Mais si vous pensiez que ces bouleversements allaient changer son style de leadership, vous vous tromperiez.  

Pendant une conférence de presse, les journalistes ont demandé à Poilievre si les changements au sein de son caucus mèneront à un changement dans son style de leadership. Il a répondu simplement : « Non. Mon plan est de continuer à diriger, d’être le seul leader du pays qui se bat pour un Canada abordable ».  

Spencer Colby/La Presse Canadienne

Au sujet du budget, Poilievre n’est pas content. Le budget, présenté par les libéraux, a un plan pour réduire les dépenses et investir davantage face aux droits de douane américains. En réponse à cette proposition, Poilievre a décrit ce plan comme un « budget de carte de crédit ». Il explique : « Si cela se produit, ce seront les cinq années les plus coûteuses de toute l’histoire du Canada. Et il ne faut pas s’y prendre, ce n’est pas dû à la baisse des revenus engendrée par la guerre commerciale, mais à l’augmentation des dépenses publiques ». Le Parti conservateur a publié un budget alternatif qui demande la suppression des obstacles à la construction résidentielle et la promotion de la concurrence sur le marché.  

Mais avec le support de l’opposition, le gouvernement a déjà survécu à deux votes de confiance sur son budget. Durant le premier vote sur un amendement conservateur (pour leur budget alternatif), les libéraux ont eu le soutien du NPD, du Parti vert et du Bloc Québécois. Cela signifie que l’amendement conservateur n’a pas été adopté. Pour le deuxième vote sur un amendement du Bloc Québécois, les libéraux ont eu le soutien du Parti conservateur, ce qui a conduit au rejet du deuxième amendement.  

Sean Kilpatrick/La Presse Canadienne

Aujourd’hui est prévu pour être le vote final sur ce budget et les choses s’annoncent bien pour les libéraux. Grâce à ces récents changements, ils ne sont plus qu’à deux sièges d’un gouvernement majoritaire. Cette petite différence entre un gouvernement minoritaire et un gouvernement majoritaire signifie qu’ils n’ont pas besoin de compter autant sur le soutien de l’opposition pour faire adopter des lois.  

Il semble que depuis les élections d’avril, Poilievre ait subi coup sur coup et que les libéraux aient remporté victoire après victoire. Avec son examen du leadership prévu en janvier, va-t-il rester en place ou être évincé?  

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