Un hommage à Antonine Maillet : Une pionnière de la littérature française acadienne

Claire Bentley

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Le 17 février marque une perte pour la communauté acadienne avec le décès de l’écrivaine et dramaturge acadienne Antonine Maillet. Née en 1929 à Bouctouche, Antonine Maillet était une porte-parole pour les Acadiens en consacrant sa vie à la célébration de la culture acadienne.  

Ce qui rend spéciales les œuvres de Maillet est le mélange de tradition et de modernité. Cette auteure a donné une voix aux Acadiens et Acadiennes ordinaires et aux femmes qui sont ignorées dans la littérature historique. La réalité historique est que les Acadiens ont fait face à la discrimination, ce qui fait d’eux une minoritaire culturelle, linguistique et économique. Antonine Maillet n’a pas ignoré la réalité acadienne. Au contraire, elle a démontré cette vérité pour contester la discrimination et l’assimilation des Acadiens.  

Paul Labelle Photographie Inc.

La Sagouine

Une de ses œuvres les plus importantes est « La Sagouine » publiée en (1971). Ce monologue de théâtre décrit la vie d’une femme de pêcheur et laveuse de planchers. « La Sagouine » est devenue populaire non pour sa vie extraordinaire, mais pour sa vie ordinaire. Le personnage principal est une fille simple qui parle de la religion, de sa vie difficile et de la tension entre les riches et les pauvres.  

« Sans le savoir, cette Sagouine-là dit des vérités qu'on avait terriblement besoin de dire, pis cette vérité-là, c'est : "Nous sommes encore en vie après toutes les épreuves qu'on a traversées." » A dit Antonine Maillet pour décrire l’importance de « La Sagouine ».  

Maillet a écrit « La Sagouine » avec un vieux français, au lieu du français standard. En utilisant un français parlé, elle a promu la langue française parlée en Acadie et non le français typique.  

« Elle a été la première à écrire dans la langue acadienne, elle a ouvert la voie et permis à de nouveaux auteurs de s’éloigner du français standard, d’être eux-mêmes », révèle Marie-Linda Lord, spécialiste de l’œuvre d’Antonine Maillet.  

La popularité de « La Sagouine » ne se limite pas à une pièce de théâtre en Acadie. Elle est aussi une émission de radio et de télévision. Il y a même une attraction touristique, « Le Pays de la Sagouine » à Bouctouche pour célébrer ce chef-d’œuvre. 

Viola Léger qui joue le rôle dans « La Sagouine. » (Ottawa Citizen)

Pélagie-la-Charrette 

Quelques années plus tard, en 1979, Maillet publie son livre « Pélagie-la-Charrette » qui décrit le retour des Acadiens en Nouvelle-Écosse après la Déportation des Acadiens. Le personnage principal, Pélagie Leblanc guide les Acadiens lorsqu’ils quittent le sud des États-Unis et retourne à Grand Pré, d’où ils étaient déportés en 1755. En écrivant ce livre, Maillet a illustré la résilience et l’espoir des Acadiens qui leur ont permis de préserver leur culture.  

Si Antonine Maillet n’était pas déjà une figure emblématique de la littérature française, en 1979 elle a gagné le prix le plus important dans la littérature française – le prix Goncourt – pour « Pélagie-la-Charrette ». Elle est la première gagnante non européenne. De plus, quarante-cinq ans plus tard, elle est encore la seule lauréate canadienne de ce prix.  

Antonine Maillet a mis « Acadie sur la carte du monde francophone. » - souligne professeur de littérature à l'Université de Moncton. 

Marie-France Coallier/Le Devoir

Avec toutes ses réalisations, il n’est pas surprenant qu’Antonine Maillet ait été récompensée avec plusieurs prix tels que l’Ordre du Nouveau-Brunswick en 2005, en plus d’être nommée Compagnon de l’Ordre du Canada en 1981.  

Antonine Maillet a visibilisé les Acadiens résilients et elle a promu la culture partout dans le monde. Son regard moderne sur la tradition a fait d'elle une figure de l'espoir, de la passion et de la résilience acadienne, qui influencera des générations d’Acadiens à l’avenir.   

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